Acclimatation au Camp 2, 6400 m. Push au camp 3, 7 100 m
Du 3 au 7 mai 2023
''Tout ce que vous avez fait jusqu'à ce jour depuis votre arrivée au Népal. Toute ces journées de marches du trekking, ces efforts courageux pour vous hisser au sommet du Lobuche, toutes ces céphalées, ces toux tenaces, ces tourista épuisantes, ces nuits blanches au camp de base... En vérité, tout ça n'aura servi à rien qu'à une seule chose : vous préparer à ce que nous allons faire demain matin.''
Ainsi parle Ningma notre Sirdar, le chef de nos quatre Sherpas. Au programme, traversée pour de bon de la cascade de glace, remontée de la combe ouest et installation pour plusieurs nuits au Camp 2 à 6 400 m !''
Ce mardi 2 mai au matin, sous la tente mess du camp de base, il a un air à la fois joyeux et grave.
''Je veux dire que je suis heureux que vous soyez tous prêts - et nous aussi - à vivre cette ultime étape de notre préparation. Celle qui validera votre capacité à tenter le sommet de l'Everest d'ici 15 jours.''
Depuis quelques temps, le temps est plutôt maussade. Pas le gros mauvais mais du vent et quelques centimètres de neige tous les jours. L'amélioration annoncée par Yan Giezendanner, notre routeur, tombe à point nommé. Sherpas et grimpeurs ont tous envie ''d'y aller''.
Un sac très spécial.
''Nous nous levons d'un bon de notre petit déjeuner, raconte Maxime et filons ''faire notre sac''. C'est à dire, en jargon d'alpinistes, sélectionner les affaires à monter. Un ''sac'' très spécial cette fois. Et il s'agit d'y réfléchir attentivement. Nous devons en effet mettre de côté les habits et accessoires pour monter jusqu'à 6 400 m... En démarrant dans les moins vingt degrés du milieu de la nuit puis, dès le lever du jour, se préparer à l'action du soleil qui va passer en quelques minutes de la douce caresse à la cuisson. Surtout dans l'interminable Combe Ouest où, paraît-il, les parois du Nuptse et de l'Everest font effet four.
Nous devons aussi anticiper toutes les affaires pour 4 jours de ''camping'' à une altitude dépassant de 400 m notre record personnel. Enfin, préparer toute la nourriture et les accessoires qui serviront à l'assaut final qui aura lieu à une date ultérieure et encore inconnue. Bref. On est très excités et concentrés.''
Mardi 2 (ou mercredi 3 ?), lever minuit.
A midi, Ningma nous annonce que l'équipe Sherpa compte quitter le camp avec sa charge à une heure du matin. Une heure ?! Ça veut dire lever à minuit. Ce faisant, Maxime et Julien partent dans une comique discussion visant à établir si nous partons donc ''aujourd'hui'' ou ''demain''.
Le réveil, après quelques rares heures de sommeil agité, est brutal. À une 1:08, les Sherpas nous font ''bye bye see you Camp 2''. Nous, nous sommes encore à siroter thé à la menthe et grignoter sans appétit nos œufs brouillés au bacon.
''Nous décollons enfin à 2h, reprend Max. Malgré l'heure très (trop) matinale, nous voyons des frontales converger des quatre coins du camp. Nous ne serons pas les seuls dans l'Ice Fall cette nuit ! Ça rend immédiatement Guillaume nerveux. Il déteste la foule, surtout en montagne, malgré sa capacité à doubler sans état d'âme. Julien, lui, fasciné par l'ambiance fantomatique des séracs éclairés par la lune et les guirlandes de frontales sort sa caméra.
Ici, ça joue déjà du jumar et des coudes. Un vieil anglais courageux mais de 72 ans patine et bouchonne consciencieusement sur sa corde fixe. Il nous faut 40 minutes pour franchir 15 mètres. Devant, la voie est libre. Les nombreux Sherpas, bien que chargés entre 25 et 30 kg, ont filé.''
L'ice Fall, bistaare (doucement) mais sûrement.
En avançant pas à pas, en limitant les pauses (sauf caca), nous débouchons du chaos de l'Ice Fall parmi les premiers (hors Sherpas). D'immenses crevasses à contourner, à sauter ou à franchir sur des échelles d'aluminium nous accueillent, le soleil et une petite bize givrée aussi. ''Je découvre pour la première fois le Camp 1, raconte Maxime. Des dizaines de tentes sont éparpillées au milieu des crevasses.
Inutile d'y chercher refuge : notre stratégie incluant le Lobuche est une stratégie sans Camp 1. Nous y croisons Simon, le chirurgien parisien rencontré au Lobuche justement. Lui, redescend de sa session d'acclimatation. Il s'assoit, marqué et raconte. ''C'était affreux, il y a eu de la neige et du vent tous les jours. Certains ont craqué et sont redescendus en avance, très peu de mon groupe ont réussi à toucher le camp 3...'' Nous lui souhaitons une bonne récup' en vallée et nous, d'avoir une météo plus clémente.
Le fond de l'air effraie.
La remontée de la Combe Ouest, un champ pépère en faux plat montant devrait être une promenade de santé après la cascade glaciale et glaçante. ''Il n'en est rien, s'étonne Max. Le soleil, comme prévu, se met à cogner. On se croirait soudain dans un désert. Chaque pas s'arrache sous le cagnard. Il nous faudra en tout 9 heures pour en finir dont 6 de congélateur menaçant et 3 de fournaise aplatie... On ne se consolera qu'arrivé au camp 2, devant un Tang à la mangue et en apprenant que certains mettent parfois le double de notre horaire sur le même trajet !''
Jeudi 4 à vendredi 5, un ami qui vous veut du mal.
Les grosses agences ont, de longue date, ''squatté'' le fond plat de la combe. Notre équipe légère a donc trouvé refuge sur un petit promontoire de glace protégé d'une jolie falaise de granite fauve à l'ombre de la Ouest de l'Everest.
''Le camp est rudimentaire, commente notre marin. Nous avons une petite tente d'altitude pour deux, une grande tente dôme collective toute jaune collée à la tente de Phurba, le cuisinier, carrée et bleue comme au temps des colonies de vacances. Autant dire qu'elle prend le vent comme personne et qu'il devra la redresser chaque matin. Outre la fatigue et les maux de tête revenus que nous traitons à coup de siestes et de paracétamol, ce qui nous frappe c'est le vent. C'est vraiment l'intru indésirable, l'ami maudit qui vous veut du mal. À lui seul, il fait passer la température d'une belle après-midi d'un gentil +15 à un vilain -10. Les deltas de température, jusqu'à 40 degrés en une heure, sont vraiment impressionnants. Le vent transforme un sommeil réparateur en un cauchemar de nuit blanche... Je sais, tout le monde se dit, il est marin et ne devrait pas être gêné par le vent ! Mais, sur un bateau, le bruit est régulier, on s'y habitue. Ici zéphyr souffle en rafales et parfois violentes. On croirait que la tente va se déchirer. ''
Samedi 6, objectif 7 000 !
Après trois journées de repos total, à refaire le monde et des globules, l'équipe trouve assez d'énergie pour terrasser, retendre les haubans et envisager une sortie vers l'amont. Direction Camp 3, objectif passer les 7 000 mètres !
''Samedi 6, nous avons quitté notre camp 2 pour nous diriger vers le fond de la Combe Ouest, reprend Maxime. C'est un grand replat montant, coupé de crevasses qui seraient apparues assez récemment. De loin, la paroi ouest du Lhotse, qu'on appelle ici ''la pente du Lhotse'' où se niche le camp 3 à 7 300 m est très impressionnante. Au camp 1, elle paraissait monstrueuse, lointaine et raide. Tu te dis waouh tout ce qu'il reste à faire et à gravir. Mais plus tu te rapproches et plus les dimensions deviennent humaines... Peut-être que tu t'habitues tout simplement.''
''Ce matin, nous en profitons aussi pour essayer les masques à oxygène et marcher sous respirateur. Bien que ce soit très bien pensé, c'est toute une organisation avec le bonnet, le casque, les capuches, le sac à dos, le tuyau... Guillaume insiste pour que nous fassions des essais car, dit-il, le jour J ce sera trop tard pour découvrir comment ça marche. Surtout si ça ne marche pas. Comme nous avons tous plus ou moins un petit virus vicieux qui traîne, nous décidons d'avoir chacun notre masque et de le garder précieusement (le masque pas le virus). Bouteilles et détendeurs, eux, pourront s'échanger sans problème.''
C'est au pied du mur...
Au bout de trois heures de marche sous le soleil, nous voici au pied du Lhotse. ''Je ne sais pas si ''c'est au pied du mur qu'on voit le mieux le mur'' mais, en tout cas, c'est au pied du mur que l'escalade commence. Après plusieurs journées à marcher sur du plat, j'adore cette sensation de grimper enfin. De prendre la montagne dans mes mains, à bras le corps. Il faut franchir en zigzag le mur de 20 m de la rimaye, cette immense crevasse qui fait jonction entre la paroi et le glacier. Soudain, je prends pied sur la fameuse pente du Lhotse. C'est moins raide que je ne le craignais. Il y a des marches dans la glace vive. C'est tout équipé de cordes fixes verticales, que les Sherpas ont placées au plus raide. Accroché à ma poignée autobloquante, je file vers le haut, en forme. Je découvre le paysage fascinant que je contemplai d'en bas depuis plusieurs jours et que j'observe maintenant d'une position dégagée. Comme une fourmi grimpée sur le dossier d'un fauteuil, je vois la beauté toujours renouvelée du Nuptse et la masse noirâtre veinée de jaune (sans doute du très mauvais rocher) de l'Everest qui se cache, encore et encore, comme une géante un peu laide.
Pierre qui roule...
Déjà, sur mon altimètre, je vois apparaître le chiffre magique des 7 000 m. Une immense envie me prend de rejoindre, quelques centaines de mètres au-dessus, les tentes jaunes suspendues du camp 3. Soudain, résonnent des cris d'alerte. Nous levons la tête et voyons débouler des lauzes de schistes fonçant vers nous dans un feulement inquiétant. Derrière, j'entends Guillaume me crier des conseils. Surtout ne pas bouger, jusqu'à la dernière seconde. Si une pierre est sur sa trajectoire alors se décaler d'un bond. Les deux disques nous passent à quelques mètres accompagnés de cailloux plus petits.
La peur et l'adrénaline passées, suspendu sur nos cordes, nous nous regardons. S'agit-il de roches délogées par des grimpeurs en amont ? Ou bien est-ce la chaleur ou le vent qui les ont décrochées des ressauts supérieurs ?
Impossible de le dire mais Guillaume qui a une longue expérience d'alpiniste analyse la situation comme accidentogène. Il préfère renoncer sachant que nous avons atteint d'ores et déjà notre principal objectif, l'altitude de 7000 m.
J'ai plus de mal à me faire à l'idée qu'avec toute l'énergie qu'il me reste je n'irai pas au Camp 3. Surtout que le calme est revenu. Trompeur ? Tandis que mon ami rebrousse chemin pour, sans doute sagement, se mettre à l'abri de la grande crevasse surplombante, je vois mes deux Sherpas qui hésitent et qui sentent mon envie d'insister. Nous repartons quelques mètres quand une nouvelle pierre s'annonce. On se regarde et sans un mot de plus, nous décidons de faire demi-tour à notre tour. Je comprends que la haute montagne est un lieu où les pièges, même s'ils sont peu nombreux, doivent être connus et reconnus. À ce moment-là, il faut savoir renoncer.
Dimanche 7, retour maison.
Lors de la descente et du retour au camp 2, Guillaume est formel : le plus important était bien de passer 4 nuits à 6400 m. Pas nécessairement de monter très haut dans la pente supérieure. C'est donc heureux et conscient d'avoir fait le job que je redescends le lendemain matin au Camp de base. Quelle frustration de voir la vitesse à laquelle on descend ! Dans les Alpes, on peut diviser par deux ou par trois la vitesse de descente par rapport à celle de la montée. Ici, c'est x 5 ou x 7 !
Mes quatre nuits difficiles m'ont clairement fatiguées et j'envisage avec bonheur la semaine de repos qui nous attend, en basse altitude, dans des loges confortables.
Même si le vrai sommet paraît encore loin, même s'il faudra attendre une fenêtre météo d'ici 10 jours et que notre équipe de Sherpa réalise encore plusieurs portages de matériel, même si, on redescendant, on peut avoir l'impression de tout devoir recommencer à zéro, l'Everest se prend étape par étape et ce record d'altitude à 7 000 m me donne déjà le goût d'une petite victoire... À savourer sur le chemin d'une plus grande encore.''
© Récit et Photos : Guillaume Vallot - droits réservés
From May 3rd to May 7th, 2023
"Everything you have done up until this day since your arrival in Nepal. All those days of trekking, the courageous efforts to reach the summit of Lobuche, all those headaches, persistent coughs, exhausting stomach troubles, sleepless nights at the base camp... In truth, all of that will have served only one purpose: to prepare you for what we will do tomorrow morning."
Thus speaks Ningma, our Sirdar, the leader of our four Sherpas. The plan is to finally cross the icefall, ascend the western couloir, and set up camp at Camp 2 at 6,400 meters for several nights!"
On the morning of Tuesday, May 2nd, inside the mess tent at the base camp, he has a cheerful yet serious demeanor.
"I mean, I am glad that all of you are ready - and we are too - to embark on this final stage of our preparation. The one that will validate your ability to attempt the summit of Everest in 15 days."
For some time now, the weather has been rather gloomy. Not terrible, but windy with a few centimeters of snow every day. The improvement forecasted by Yan Giezendanner, our router, comes at the right time. Sherpas and climbers alike are eager to "go for it."
A very special backpack.
"We quickly finish our breakfast and head off to 'pack our bags,' recounts Maxime. That means, in mountaineering jargon, selecting the gear to take up with us. A very special backpack this time. And it requires careful consideration. We need to set aside the clothing and accessories for the ascent up to 6,400 meters... Starting in the minus twenty-degree cold of the middle of the night, and then, as day breaks, preparing for the sun's effects that will go from a gentle caress to scorching in a matter of minutes. Especially in the never-ending Western Couloir, where it is said that the walls of Nuptse and Everest act as an oven.
We also need to anticipate all the gear for four days of 'camping' at an altitude exceeding our personal record by 400 meters. Lastly, we have to prepare all the food and accessories that will be used for the final assault, which will take place on a later and still unknown date. In short, we are very excited and focused."
Tuesday 2nd (or Wednesday 3rd?), midnight departure.
At noon, Ningma announces that the Sherpa team plans to leave the camp with their load at one in the morning. One o'clock?! That means waking up at midnight. In the midst of this, Maxime and Julien engage in a comical discussion to determine whether we are leaving "today" or "tomorrow."
The awakening, after a few restless hours of sleep, is brutal. At 1:08, the Sherpas bid us farewell with a "bye bye see you at Camp 2." Meanwhile, we are still sipping mint tea and nibbling on our scrambled eggs with bacon, devoid of appetite.
"We finally take off at 2 a.m.," Max resumes. "Despite the very (too) early hour, we see headlamps converging from all corners of the camp. We won't be the only ones in the Icefall tonight! This immediately makes Guillaume nervous. He hates crowds, especially in the mountains, despite his ability to overtake without hesitation. Julien, on the other hand, fascinated by the ghostly atmosphere of the seracs illuminated by the moon and the string of headlamps, takes out his camera.
Here, people are already using jumars and elbows. A brave 72-year-old Englishman struggles and diligently congests the fixed rope. It takes us 40 minutes to cover 15 meters. Up ahead, the path is clear. The numerous Sherpas, though loaded with 25 to 30 kg, have raced ahead."
The Icefall, slowly but surely.
By advancing step by step and minimizing breaks (except for restroom breaks), we emerge from the chaos of the Icefall among the first (excluding the Sherpas). Immense crevasses to bypass, jump, or cross on aluminum ladders welcome us, along with the sun and a chilly breeze. "I'm seeing Camp 1 for the first time," Maxime recounts. "Dozens of tents are scattered amidst the crevasses.
No need to seek refuge there: our strategy, including the Lobuche, is a strategy without Camp 1. We cross paths with Simon, the Parisian surgeon we met at Lobuche. He is descending from his acclimatization session. He sits down, marked and recounts, 'It was awful, there was snow and wind every day. Some people cracked and descended early, very few in my group managed to reach Camp 3...' We wish him a good recovery in the valley, and for ourselves, a more favorable weather."
The chill in the air is daunting.
The ascent of the Western Couloir, a gentle uphill slope, should be a walk in the park after the icy and chilling icefall. "That's not the case," Max is surprised. The sun, as expected, starts beating down. Suddenly, it feels like we're in a desert. Every step is a struggle under the scorching heat. It takes us a total of 9 hours to finish, including 6 hours of threatening freezer-like conditions and 3 hours of flat-out furnace... Only when we reach Camp 2 and indulge in a mango-flavored Tang do we find solace, learning that some people sometimes take twice as long as us on the same route!"
Thursday 4th to Friday 5th, a friend who wishes you harm.
The big agencies have long "occupied" the flat bottom of the couloir. Our lightweight team has found refuge on a small ice promontory, sheltered by a beautiful cliff of tan granite in the shade of Everest's West face.
The camp is basic," comments our sailor. "We have a small high-altitude tent for two, a large collective dome tent, all yellow, attached to Phurba's square and blue tent, reminiscent of summer camp. Let's just say it catches the wind like no other, and he has to straighten it every morning. Apart from the fatigue and the returning headaches that we treat with naps and paracetamol, what strikes us the most is the wind. It's truly an unwelcome intruder, a cursed friend who wishes us harm. On its own, it can turn a pleasant afternoon temperature of +15 into an unpleasant -10 in no time. The temperature variations, up to 40 degrees in an hour, are truly impressive. The wind transforms a restful sleep into a sleepless nightmare... I know, everyone says, 'But he's a sailor, he shouldn't be bothered by the wind!' But on a boat, the noise is constant, you get used to it. Here, the zephyr blows in gusts and sometimes violently. It feels like the tent is going to tear apart."
Saturday 6th, aiming for 7,000!
After three days of complete rest, pondering the world and red blood cells, the team gathers enough energy to overcome, tighten the guy ropes, and consider heading upstream. Destination: Camp 3, with the goal of surpassing 7,000 meters!
"On Saturday 6th, we left our Camp 2 to make our way to the bottom of the Western Couloir," Maxime continues. "It's a large, ascending plateau, intersected by crevasses that seem to have appeared recently. From afar, the west face of Lhotse, known as the 'Lhotse wall,' where Camp 3 is nestled at 7,300 meters, is truly impressive. It looked monstrous, distant, and steep from Camp 1. You think to yourself, 'Wow, there's still so much to do and climb.' But the closer you get, the more the dimensions become human-sized... Maybe you simply get used to it."
"This morning, we also take the opportunity to try on the oxygen masks and walk with respirators. Although it's well thought out, it's quite an organization with the beanie, helmet, hoods, backpack, and hose... Guillaume insists that we do some tests because, he says, on the big day, it'll be too late to figure out how it works. Especially if it doesn't work. Since we all have a lingering little virus, we decide to each have our own mask and keep it safe (the mask, not the virus). Bottles and regulators, on the other hand, can be exchanged without any issues."
At the foot of the wall...
After three hours of walking under the sun, here we are at the foot of Lhotse. "I don't know if 'it's at the foot of the wall that you see the wall best,' but, in any case, it's at the foot of the wall that the climbing begins. After several days of walking on flat ground, I love the sensation of finally climbing. To take the mountain in my hands, wholeheartedly. We have to zigzag our way up the 20-meter wall of the bergschrund, that immense crevasse that joins the wall and the glacier. Suddenly, I set foot on the famous slope of Lhotse. It's less steep than I feared. There are steps in the hard ice. It's fully equipped with vertical fixed ropes that the Sherpas have placed on the steepest sections. Clinging to my self-locking handle, I ascend swiftly. I discover the fascinating landscape that I've been gazing at from below for several days, and now I observe it from an unobstructed position. Like an ant climbing on the back of a chair, I see the ever-renewing beauty of Nuptse and the blackish mass veined with yellow (probably from very poor rock) of Everest, hiding over and over again, like a slightly ugly giant."
A rolling stone...
Already, on my altimeter, I see the magical number of 7,000 meters appear. A strong desire overwhelms me to reach the suspended yellow tents of Camp 3 just a few hundred meters above. Suddenly, shouts of alarm echo through the air. We lift our heads and see slabs of shale hurtling towards us with a worrying hiss. Behind me, I hear Guillaume shouting advice. Whatever happens, don't move until the last second. If a stone is on its trajectory, then jump aside. The two discs pass just a few meters away from us, accompanied by smaller rocks.
Once the fear and adrenaline subside, hanging on our ropes, we look at each other. Were these rocks dislodged by climbers higher up? Or were they dislodged by the heat or the wind from the upper ridges?
It's impossible to say, but Guillaume, who has extensive mountaineering experience, analyzes the situation as accident-prone. He prefers to give up, knowing that we have already achieved our main objective, reaching an altitude of 7,000 meters.
I find it harder to come to terms with the fact that with all the energy I have left, I won't make it to Camp 3. Especially now that calm has returned. Deceptive? While my friend turns back to, undoubtedly wisely, take shelter from the overhanging crevasse, I see my two Sherpas hesitating and sensing my desire to persist. We start again for a few meters when another stone approaches. We look at each other and without saying another word, we decide to turn back as well. I understand that the high mountains are a place where the traps, though few, must be known and recognized. At that moment, one must know when to give up.
Sunday 7th, back home…
During the descent and the return to Camp 2, Guillaume is adamant: the most important thing was indeed to spend 4 nights at 6,400m. It wasn't necessarily about reaching high up in the upper slope. So, happy and aware that I've done the job, I descend to Base Camp the next morning. It's frustrating to see how quickly we descend! In the Alps, the descent speed can be half or a third of the ascent speed. Here, it's multiplied by 5 or 7!
My four difficult nights have clearly worn me out, and I eagerly look forward to the week of rest that awaits us at lower altitudes, in comfortable lodges.
Even though the true summit still seems far away, even though we'll have to wait for a weather window in the next 10 days and our Sherpa team will still complete several equipment hauls, even though it may feel like starting from scratch when descending, Everest is tackled step by step, and this altitude record at 7,000m already gives me a taste of a small victory... to be savored on the path to an even greater one."
© Story and Photos: Guillaume Vallot - all rights reserved